PROGRAMME Construction de la Chambre de Métiers et du Centre de Formation des Apprentis, comprenant laboratoires, ateliers, salles de cours, bureaux, amphithéâtre et salle de conférence
LIEU Bayonne
MOA Chambre des Métiers et de l’Artisanat des Pyrénées-Atlantiques
RÔLE Architecte mandataire
CHEFFE DE PROJET Orane Garrigos
MISSION Mission de base, CSSI, assistance expertise, signalétique, mobilier et équipements spécifiques
SURFACE 9 800m² SHON
COÛT 14 500 000€ HT
STATUT Livraison en février 2012
PHOTOGRAPHIE Mathieu Choiselat + Vincent Monthiers
CHAMBRE DES MÉTIERS ET DE L’ARTISANAT DE BAYONNE
Posé sur le relief identifiant les franges urbaines de Bayonne, la Chambre des métiers expose des rapports de volumes, de plans, d’équilibres et de rythmes qui définissent un lieu à la fois confidentiel et public.
Entre le coteau et le boulevard ourlé de peupliers sont étirées deux lames couvertes de végétation, connectées par deux segments perpendiculaires et culminants (pôle administratif et entrée au nord, locaux d’enseignement général au sud). Les volumes horizontaux et parallèles au boulevard s’articulent le long d’une rue intérieure bardée de bois, qui expose les détails de la construction : elle est le lieu de convergence des circulations, un espace de convivialité et d’échanges favorisé par son ouverture sur l’extérieur et sa luminosité généreuse. Dans le prolongement de l’entrée, cette rue-serre évolue par la suite à ciel ouvert et dessert tant les ateliers mécaniques en rez-de-jardin que les ateliers spécialisés au premier niveau. Lointaine évocation des pontons lacustres, l’ensemble des passerelles donnent vue sur une douve végétalisée où sont récupérées les eaux de pluie. La reconstitution d’un tel paysage lacustre connecte le bâtiment à son environnement arboré et le protège de l’agitation du boulevard. Parce que chaque site appelle une réponse spécifique, le plan nait ici de ce tissage du naturel et de l’architectural. En ce sens, des noues creusées dans le parc de stationnement au nord drainent par un système passif les eaux de ruissellement du coteau et permettent à la végétation de s’infiltrer. La déclivité du site est encore mise à profit pour l’aménagement de nouveaux stationnements en sous-sol, dans le relief excavé : une anfractuosité dans le bâtiment y donne accès, creusée au droit des ateliers mécaniques côté boulevard. Ceux-ci se singularisent par une succession de sheds venant rythmer la toiture végétalisée. Si ces décrochements de toiture remplissent là leur fonction habituelle de baie, ils abritent des dispositifs techniques face au coteau.
La volumétrie globale de l’édifice est ainsi faite d’émergences franches et de lignes obliques plus tempérées qui entrent en résonnance avec la topographie du site. Cette réflexion sur la forme architecturale est intensifiée par l’enveloppe de l’édifice constituée d’inox et d’aluminium zingué : la brillance nuancée des éléments métalliques – brise-soleil formant écrans devant les passerelles d’entretien et bardage – sont les vecteurs d’une intégration douce du bâtiment dans son environnement et construisent par là un jeu sensible entre immatérialité et plasticité des surfaces. Ce travail sur l’enveloppe répond de surcroit à des considérations environnementales précises : en s’épaississant, la façade devient un instrument qui qualifie l’ensoleillement tout en laissant les brises la traverser. Réduite à l’essentielle, la technologie souligne la dimension sculpturale de l’édifice qui, à l’entrée de la ville, inscrit une monumentalité entre introversion et extraversion. À peine voilée par les peupliers, la CMA est un bâtiment à cheval entre le monument et l’instrument, entre la symbolique publique et les logiques de l’utile.
Texte : Julie Gimbal