PROGRAMME Construction et extension de l’agence d’architecte Patrick Arotcharen. Bureaux, salles de réunion, espaces de convivialité
LIEU Bayonne
MOA Patrick Arotcharen
SURFACE 240m² shon + 161 m² shon extension
COÛT 240 000€ HT + 511 700 € HT
STATUT Livraison en 2002 et extension en 2012
PHOTOGRAPHIES Mathieu Choiselat
AGENCE D’ARCHITECTURE
Le bâtiment incarne les principes fondateurs du travail de l’agence. Le choix d’un site oublié, tout d’abord, illustre la capacité de l’architecture à intervenir en milieu périurbain, là où la frontière entre l’urbain et le paysager dessine des lieux irréguliers, contrariés par les dévers et ainsi jugés inexploitables à moins de profondes modifications.
L’agence est une boîte métallique hissée sur pilotis, simplement posée sur un emplacement faiblement transformé, effleurant dès lors la frondaison végétale. L’architecture est ici une intervention humaine réfléchie, consciente de son impact sur le site dont l’intégrité et l’identité sont préservées. Si le point de vue sous le bâtiment consacre la disparition de la structure au milieu des troncs d’arbres, la perspective depuis l’espace intérieur, donnant sur la canopée, éclaire l’un des leitmotivs de l’agence : fusionner nature et architecture, inscrire la vie au cœur de la nature. La construction s’élève au niveau des feuillages, isole ses occupants et fraye, parfois, avec la sensation de vertige. L’enjeu est de créer une émotion spatiale, d’aller au-delà de l’utilitarisme tel qu’il est souvent pratiqué en banlieue, stérilisant dès lors la campagne.
L’agence est une scène ouverte sur un théâtre végétal grâce à de larges baies vitrées et incarne une réflexion sur le lieu qui est tant une expérience physique qu’une proposition philosophique. C’est un équilibre entre le repliement et l’inclination vers l’extérieur qui garantit les conforts d’usage et visuel. Dans cette logique d’adaptation au contexte et d’agrément de vie, les quatre blocs qui composent l’édifice (3 volumes alignés flanqués d’une annexe en contrebas, le tout sur pilotis) alternent les élévations opaques et vitrées afin de tirer profit, chacun dans leur autonomie, de la lumière naturelle : auvents, débords de toitures, brise-soleil et double-peaux protègent dès lors les bureaux d’un ensoleillement excessif (les parois à l’ouest sont laissées opaques à cet effet) et sculptent une esthétique précise qui identifie le travail de l’agence. C’est une architecture de l’enveloppe, par opposition à la maçonnerie percée illustrée par l’etche basque, qui fait de la façade une interface active vis-à-vis du climat et du paysage. Porteuse d’un savoir technologique, celle-ci se complexifie, prend de l’épaisseur et prolonge les espaces intérieurs. Elle s’adapte ainsi au climat tempéré de la frange côtière qui n’impose ni grandes chaleurs, ni grands froids, contrairement à l’intérieur des terres. La conscience environnementale sert finalement de filtre architectural en même temps qu’elle ouvre un monde de possibles.
À une heure où les limites ville-campagne sont érodées, où l’organisation urbaine est transitoire, l’agence incarne une architecture dont les qualités propres diffèrent des constructions du centre-ville. Si les pilotis venaient à être coupés, la nature reprendrait vite ses droits…
©Julie Gimbal